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3 Cas Hilbertien

Théorème d'isomorphie de Riesz. 3.1
Soit $ \H$ un espace de Hilbert. Toute fonctionnelle linéaire (respectivement antilinéaire) continue sur $ \H$ peut être écrite en termes de produit scalaire, c'est à dire

$\displaystyle f(x)=\langle x,z\rangle$    (respectivement $\displaystyle f(x)=\langle z,x\rangle$)$\displaystyle ,$ (28)

$ z$ dépendant de $ f$ est déterminé de manière unique. De plus

$\displaystyle \Vert z\Vert=\Vert f\Vert.$ (29)

Autrement dit, les espaces $ \H^*$ et $ \H$ sont isomorphes et isométriques. L'application $ f\in\H^*\longmapsto z\in\H$ est antilinéaire (respectivement linéaire).

Proof. [Démonstration dans le cas linéaire]  

  1. Existence: Soit $ x\in\H$
    Si $ f$ est l'application nulle $ z=0$ convient.
    Si $ f$ n'est pas l'application nulle, procédons par conditions nécessaires. En premier lieu, $ z\in\ker(f)$ est exclu sinon $ f$ est l'application nulle. Ensuite, si $ x\in\ker(f)$, on doit avoir $ \langle x,z\rangle=0$ donc $ z\in\ker(f)^\bot$. $ \ker(f)$ est un sous-espace vectoriel fermé de $ \H$ ainsi $ \H=\ker(f)\oplus\ker(f)^\bot$. Comme $ f$ n'est pas l'application nulle, $ \ker(f)\neq\H$ et donc $ \ker(f)^\bot\neq\{0\}$.

    Prenons $ y\neq 0$ dans $ \ker(f)^\bot$ et posons

    $\displaystyle u=f(x)y-f(y)x.$

    On a $ f(u)=0$ donc $ u\in\ker(f)$. Ainsi

    $\displaystyle \begin{array}{rcccl}
0&=&\langle u,y\rangle&=&\langle f(y)x-f(x)y,y\rangle \\
& & & =&f(y)\langle x,y\rangle-f(x)\Vert y\Vert^2.
\end{array}$

    Comme $ y\neq 0$, on a $ \Vert y\Vert^2\neq 0$, donc
    $\displaystyle f(x)$ $\displaystyle =$ $\displaystyle \frac{f(y)\langle x,y\rangle}{\Vert y\Vert^2}$  
      $\displaystyle =$ $\displaystyle \left\langle x,\frac{\overline{f(y)}y}{\Vert y\Vert^2}\right\rangle.$  

    Le choix $ \displaystyle z=\frac{\overline{f(y)}y}{\Vert y\Vert^2}$ convient.

    Le cas antilinéaire se traite de la même manière en partant de $ u=\overline{f(x)}y-\overline{f(y)}x$. Et on obtient à nouveau $ z$, défini par la même expression.

  2. Unicité.
    Supposons que $ f$ ne soit pas l'application nulle et que $ z\neq z'$ vérifient tous deux :

    $\displaystyle f(x)=\langle x,z\rangle=\langle x,z'\rangle$ pour tout $\displaystyle x.$

    Alors $ \langle x,z-z'\rangle=0$ pour tout $ x$. $ f$ serait donc l'application nulle ce qui est absurde.
  3. Isométrie
    L'existence et l'unicité nous fournissent le $ z$ dont on parle maintenant. Ce $ z$ est tel que pour tout $ (y_1,y_2)\in\ker(f)^2$, on a

    $\displaystyle f(x)=\left\langle x,\frac{\overline{f(y_1)}y_1}{\Vert y_1\Vert^2}...
...ngle=\left\langle x,\frac{\overline{f(y_2)}y_2}{\Vert y_2\Vert^2}\right\rangle.$

    On peut donc prendre n'importe quel $ y_1\in\ker(f)^\bot\backslash\{0\}$ et écrire

    $\displaystyle z=\frac{\overline{f(y_1)}y_1}{\Vert y_1\Vert^2}$ et donc $\displaystyle \langle z,z\rangle={\left\vert f\left(\frac{y_1}{\Vert y_1\Vert}\right)\right\vert}^2,$

    i.e. $ \Vert z\Vert=\vert f(w)\vert$ $ w=y_1/\Vert y_1\Vert$ est de norme $ 1$. Comme ceci est vrai pour tout $ y_1\in\ker(f)^\bot\backslash\{0\}$, c'est vrai aussi pour tout $ w\in\ker(f)^\bot$ et de norme $ 1$. Comme $ \H=\ker(f)\oplus\ker(f)^\bot$, on a $ \Vert f_{\vert\ker(f)^\bot}\Vert=\Vert f\Vert$. Par conséquent, si $ w$ de norme $ 1$ est dans $ \ker(f)^\bot$ on a
    $\displaystyle \Vert z\Vert$ $\displaystyle =$ $\displaystyle \vert f(w)\vert=\sup_{\Vert u\Vert=1}\left\{\vert f(u)\vert ; u\in\ker(f)^\bot\right\}=\sup_{\Vert u\Vert=1}\left\{\vert f(u)\vert ; u\in\H\right\}$  
      $\displaystyle =$ $\displaystyle \Vert f\Vert.$  

    En procédant de la même manière pour le cas antilinéaire, on montrerait aussi $ \Vert z\Vert=\Vert f\Vert$.
$ \qedsymbol$

Théorème de représentation de Riesz. 3.2
Soient $ \H_1$ et $ \H_2$ deux espaces de Hilbert et $ h:\H_1\times\H_2\longrightarrow {I\!\!K}$ une forme sesquilinéaire continue. Alors il existe un unique opérateur linéaire continu $ S:\H_1\longrightarrow \H_2$ tel que

$\displaystyle h(x,y)=\langle Sx,y\rangle.$ (30)

De plus $ \Vert h\Vert=\Vert S\Vert$.

Proof.  
Soit $ x$ fixé et considérons l'application linéaire

$\displaystyle \begin{array}{rrrcl}
h_x&:&\H_2 &\longrightarrow &{I\!\!K}\\
& & y &\longmapsto & \overline{h(x,y)}
\end{array}$

Le théorème 2.3.1 nous fournit un élément unique $ z\in\H_2$ tel que pour tout $ y\in\H_2$ on a

$\displaystyle h_x(y)=\langle y,z\rangle$

c'est à dire

$\displaystyle h(x,y)=\langle z,y\rangle.$ (31)

$ z$ étant unique et dépendant de $ x$, cela définit un opérateur $ S:\H_1\longrightarrow \H_2$ tel que $ z=Sx$. Une substitution dans (2.20) nous donne (2.19).
$ S$ est linéaire :
Soient $ (x_1,x_2)\in{\H_1}^2$, $ \alpha\in{I\!\!K}$ et $ y\in\H_2$. Alors
$\displaystyle \langle S(\alpha x_1+ x_2),y\rangle-\langle \alpha Sx_1+ Sx_2,y\rangle$ $\displaystyle =$ $\displaystyle h(\alpha x_1+ x_2,y)-\alpha h(x_1,y)- h(x_2,y)$  
  $\displaystyle =$ $\displaystyle 0.$  

Comme cela est vrai pour tout $ y$, on a $ S(\alpha x_1+ x_2)=\alpha Sx_1+ Sx_2$.
$ S$ est continue :
On a

$\displaystyle \Vert h\Vert=\sup_{\Vert x\Vert\neq 0,\Vert y\Vert\neq0}\frac{\ve...
...ert}
=\sup_{\Vert x\Vert\neq 0}\frac{\Vert Sx\Vert}{\Vert x\Vert}=\Vert S\Vert.$

De plus

$\displaystyle \Vert h\Vert=\sup_{\Vert x\Vert\neq 0,\Vert y\Vert\neq0}\frac{\ve...
...\neq 0}\frac{\Vert Sx\Vert\Vert y\Vert}{\Vert x\Vert\Vert y\Vert}=\Vert S\Vert,$

donc

$\displaystyle \Vert h\Vert=\Vert S\Vert.$

$ S$ est unique :
Supposons qu'il existe $ T:\H_1\longrightarrow \H_2$ tel que pour tout $ (x,y)\in\H_1\times\H_2$ on ait

$\displaystyle h(x,y)=\langle Sx,y\rangle=\langle Tx,y\rangle.$

Fixons $ x$. Alors $ \langle Sx-Tx,y\rangle=0$ pour tout $ y$, donc $ Sx=Tx$. Comme ceci est vrai pour tout $ x$, on obtient $ S=T$. $ \qedsymbol$

Ces deux théorèmes reposent sur le fait (non trivial) que si $ M$ est un sous-espace vectoriel fermé de $ \H$ alors $ \H=M\oplus M^\bot$.

On va maintenant s'attacher à définir l'opérateur adjoint $ T^*$ de $ T$ dans le cas hilbertien. On montrera que $ \Vert T^*\Vert=\Vert T\Vert$ et ce, sans avoir recours au théorème de Hahn-Banach, comme il fût nécessaire pour le cas non-hilbertien.

On a vu précédemment que si $ h:\H_1\times\H_2\longrightarrow {I\!\!K}$ est une forme sesquilinéaire hermitienne, alors le théorème 2.3.2 nous fournit un opérateur $ T:\H_1\longrightarrow \H_2$, tel que pour tout $ (x,y)\in\H_1\times\H_2$ on ait

$\displaystyle h(x,y)=\langle Tx,y\rangle$ et $\displaystyle \Vert T\Vert=\Vert h\Vert.$

Posons

\begin{displaymath}
\begin{array}{rccl}
g:& \H_2\times\H_1 & \longrightarrow & {I\!\!K}\\
& (y,x)& \longmapsto & \overline{h(x,y)}
\end{array}\end{displaymath}

$ h$ est sesquilinéaire hermitienne sur $ \H_1\times\H_2$. Ainsi $ g$ est sesquilinéaire hermitienne sur $ \H_2\times\H_1$ et $ \Vert h\Vert=\Vert g\Vert$. On applique le théorème 2.3.2 à $ g$ et cela nous fournit un opérateur linéaire unique $ S:\H_2\longrightarrow \H_1$ tel que

$\displaystyle g(y,x)=\langle Sy,x\rangle$ et $\displaystyle \Vert S\Vert=\Vert g\Vert.$

On a ainsi obtenu :

$\displaystyle h(x,y)=\langle Tx,y\rangle=\overline{g(y,x)}=\overline{\langle Sy,x\rangle}=\langle x,Sy\rangle.$

L'opérateur $ S$ ainsi défini est appelé opérateur adjoint de $ T$ et on le note $ T^*$.

Définition. 3.3
Si $ T:\H_1\longrightarrow \H_2$ est un opérateur linéaire continu entre espaces de Hilbert alors il existe un unique opérateur linéaire continu $ T^*:\H_2\longrightarrow \H_1$ tel que pour tout $ (x,y)\in\H_1\times\H_2$

$\displaystyle \langle Tx,y\rangle=\langle x,T^* y\rangle.$ (32)

De plus

$\displaystyle \Vert T\Vert=\Vert T^*\Vert.$


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